Rendons à Emile...
L’histoire du cinéma est cruelle. Alors que Fahrenheit 9/11 récolte un succès public planétaire, une palme d’or et des bénéfices plantureux, tout le monde se précipite pour dire que jamais un documentaire n’avait égratigné un président américain à la veille d’une élection. C’est oublier Emile de Antonio, cinéaste américain radicalement engagé dans une critique du système politique américain de 1964 à 1989 (date de sa mort) et dont Michael Moore ne serait que le lointain héritier, tout au plus l’élève potache. Car là où l’auteur de Fahrenheit 9/11 pend Bush haut et court dans un travail propagandiste, de Antonio, plus subtil et plus politique, laisse Nixon se pendre tout seul dans Millhouse. Mais son œuvre ne s’arrête pas à ce seul film : de l’exposition de la figure ambiguë de Nixon (Millhouse) à la dénonciation de la guerre du Vietnam (In the year of the Pig) et du Mac Carthisme (Point of Order) jusqu’à l’analyse des théories relatives à l’assassinat de JFK (Rush to Judgment), c’est 25 ans de politique américaine hantée par la guerre froide que critique ce marxiste bon vivant, ami d’Andy Warhol et de Jasper Johns. Le P’tit Ciné vous propose de redécouvrir trois films majeurs de Emile de Antonio le 2 novembre, date des élections américaines. Pour compléter le programme, une rareté, L.B.J., court-métrage en forme de collage du cinéaste cubain Santiago Alvarez qui s’en prend avec virulence au président américain Lyndon Johnson. Alors si vous préférez passer votre soirée devant Fox News en attendant qu’ils terminent de recompter les voix, libre à vous, mais nous on sera au cinéma.
Le petit théâtre de la politique...
Qui n’a pas rêvé d’assister à des travaux parlementaires, de voir comment les femmes et les hommes politiques travaillent, défendent leurs idées, trouvent des compromis et parfois s’entredéchirent ou se font berner par l’adversaire ? Si la retransmission partielle de la commission Dutroux à la télévision a été une tentative de transparence du travail parlementaire (et un sauvetage de l’État), pour certains hommes politiques elle fut aussi le théâtre subtil d’une forme de séduction de l’électeur. Mais derrière cet événement exceptionnel, que savons- nous vraiment du travail politique dans son quotidien ? Peut-on filmer le politique au travail sans que le rapport à l’image ne devienne pour l’homme politique l’objet même de ce travail ? Le cinéaste suisse Jean-Stéphane Bron, n’a pas filmé la commission parlementaire en charge de l’avant-projet d’une nouvelle loi sur les manipulations génétiques. Les débats se tenaient à huis clos, il a donc attendu patiemment à la porte et en a filmé la coulisse. Le résultat est palpitant, drôle, et sans complaisance sur les limites du système. Ce film, que plus de 100.000 Suisses sont allés voir en salle se présente comme un thriller politique, une fable universelle sur le pouvoir.
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