Comment vit-on, après ? Quand nous avons grandi sous la dictature, quand nous nous sommes construits sous la dictature, quand elle fait partie de nous (malgré tout). Il y a vingt ans, la cinéaste s’est liée d’amitié avec Ioana en Roumanie. Elle revient la questionner sur les non-dits familiaux, analysant avec elle un puissant rouage dictatorial : la perpétuation du déni.
« C’était normal : Ceausescu, le PCR, on vivait avec, pourquoi en parler ? ». Quand Vanina Vignal rencontre Ioana en Roumanie en 1991, le dictateur est tombé mais les deux amies ne parlent pas davantage de politique. Après le silence n’a de cesse d’en découdre avec le silence transmis de génération en génération dans cette famille – et dans le pays tout entier. Armée d’une connaissance intime de la famille de son amie, la cinéaste fait preuve d’un volontarisme inédit dans un genre documentaire constitué, l’évocation des abus d’une dictature, qui se contente parfois de recueillir des témoignages". (Charlotte Garson, critique de cinéma française).
Au nom de son lien d’amitié avec Ioana, elle l’interroge sans relâche, creusant un secret de famille mal mis au jour et mettant ainsi à l’épreuve la bulle individuelle dont elle s’était entourée. Mais plus la conversation avance, plus l’amie roumaine détaille le mécanisme d’évitement du politique qu’elle a développé sous la dictature. Bientôt cet apolitisme de survie se révèle carburant du système, trop content que les cerveaux se déconnectent volontairement.
Sélection : "Vision du réel" 2012, "Cinéma du réel" 2012, "FIFF" 2012, ...