Des moustiques que rend visible sa lampe à huile dans sa chambre à ses conversations sur les trous noirs au téléphone portable, c’est peu de dire que Konstantin enseigne la physique quantique. Tout autour de lui n’est qu’atomes ; même son écoute de Bach est filtrée par sa perception de l’univers comme champ de forces.
Sensible à la matérialité du monde et à la relation fragile que les humains entretiennent avec elle, Denis Klebeev nous offre en quelques dizaines de minutes la possibilité de voir nous aussi le monde par le prisme du quantum. De trouver par exemple des propriétés cosmiques à la barbe à papa que s’offre Konstantin. D’où l’impression à la fois poignante et burlesque de ses mésaventures estivales : quand l’enseignant, qui prolonge l’année scolaire en travaillant à la colonie de vacances de son Institut, y retrouve son élève doué mais fainéant, ses leçons passent d’autant moins bien que la plage et le dortoir des filles sont tout près. À la dérivation que Konstantin tente en vain d’expliquer, se substitue la dérive adolescente, la canicule aidant... Un chaperon, est-ce que ça peut penser ? Une fois affublé d’un débardeur, d’un short et d’une paire de lunettes de soleil, un corps continue-t-il d’être réfléchissant ?
Comment concilier l’infiniment grand et le karaoké ? Un été ne suffira pas à répondre, car cette tentative d’adaptation au "monde classique" pourrait prendre toute une vie...
(Charlotte Garson pour le catalogue du Festival Cinéma du Réel)
2015 : Cinéma du réel - Paris (France) - Prix Joris Ivens & Prix des jeunes Cinéma du réel