Pour son premier long métrage, Carmen Losmann frappe juste et fort, en composant un film en plusieurs tableaux sur les évolutions du travail dans le domaine tertiaire et les services hautement qualifiés dans nos sociétés occidentales. La séquence inaugurale s’intéresse à l’architecture, à travers l’aménagement du siège d’une multinationale basée à Hambourg où les “atriums” se succèdent aux “open spaces” et où, à part les dirigeants, plus aucun travailleur ne dispose de son propre espace de travail ou de réunion. Le film continue son exploration dans le monde du télétravail, des horaires aménagés et autres nouvelles pratiques de management avec lesquelles les entreprises cherchent à obtenir le rendement maximal de leurs employés et à les faire entrer dans la matrice d’un monde de travail total. On assiste ainsi à quelques séquences hallucinantes d’entretiens d’embauche dans un bureau de chasseurs de têtes sous-traitant les ressources humaines pour de grandes entreprises, ou encore d’une société de “team building” faisant passer des épreuves de survie à des salariés lâchés, les yeux bandés, dans la forêt... Un portrait glaçant du monde du travail d’aujourd’hui.