Il y a bientôt un an, une partie de la France se réveillait en sursaut, secouée, hébétée par un séisme politique inattendu. Pour la première fois depuis 69, la gauche allait être absente au second tour des présidentielles. Un réveil brutal et tardif suivi d’une mobilisation générale contre l’extrême droite. Un an après, que reste-t-il de la Douce France qui perdit ce jour-là (à nouveau) son innocence ?
Tournés avant le scrutin, La vie sans Brahim et Le Voyage à la mer ne sont pas à proprement parler des films prémonitoires. Mais en les regardant à la lumière des événements d’avril 2002, surgissent soudain malgré-eux des traces, des indices, des signes avant-coureurs. Tous deux, en s’enfonçant dans cette "France profonde" comme l’on disait autrefois, et que Raffarin nomme aujourd’hui la "France d’en bas", nous emmènent avec simplicité à la rencontre d’hommes et de femmes qui nous traduisent leur malaise et leurs questions. D’un petit village d’Essone, avec sa place, sa mairie, ses quelques habitants du cru, ses nombreux navetteurs et son seul habitant arabe, aux campings de bord de mer avec ses vacanciers aux torses nus, les deux cinéastes cherchent la rencontre, provoquent la parole et le dialogue, comme habités par une inquiétude urgente.
Et pour leur faire écho, deux films du début des années soixante. C’était au temps où le cinéma explorait une nouvelle liberté de mouvement et de ton, le cinéma direct. Chronique d’un été et Le joli mai sont des films de rencontre et de parole. Ici aussi, on retrouve chez les cinéastes cette même volonté de descendre dans la rue, d’aller vers les habitants et de les questionner sur la vie, l’amour, le bonheur, le travail, la guerre et la paix. Le portrait de la France que Chris. Marker dresse au travers des interviews du joli mai semble en quelque-sorte prémonitoire d’un autre mois de mai, 6 ans plus tard...
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