1987, deux monteurs, Daniel De Valck et Anne Deligne, le premier sorti de l’INSAS, la seconde de l’IAD, décident de fonder Cobra Films pour produire les documentaires qu’ils veulent réaliser et ceux des cinéastes qui les entourent.
Cobra, en résonance et en sympathie avec la démarche de Christian Dotremont revendiquant pour les artistes la liberté du geste créateur et le choix d’arpenter des chemins de traverse. Ne pas produire de fiction c’était et c’est encore prendre le maquis. Depuis presque 30 ans, Cobra tient bon entre les difficultés de financement, les politiques fluctuante des subventions, l’appui des ateliers, les sélections dans les festivals depuis Lussas le plus pointu à Berlin le plus œcuménique, pour enfin se heurter aux problèmes de diffusion et des marchés. Mais le catalogue est là, avec plus de 80 films. Et le monde, du Zaïre à la Sibérie.
En 1989, la chute du mur va permettre à Daniel et Anne d’établir des liens avec l’Est en produisant le cinéaste russe Vitali Kanevski et en tournant leurs propres films pour raconter la vie là-bas, du goulag à l’amour de la musique. Sans exclusive ils vont accueillir toutes les formes narratives du cinéma du réel, portraits, problèmes de société, films sur l’art, réflexions politiques, avec pour seuls critères leur exigence, leur complicité et leur regard. Autour d’eux va se former une « famille », qui de film en film sera encouragée et épaulée.
Pierre-Yves Vandeweerd, Marie-France Collard, Dominique Loreau, Annik Leroy, Marc Antoine Roudil et Sophie Bruneau, Yaël André, Aya Tanaka...Se succèdent ainsi des générations de réalisateurs qui permettent de voir l’évolution des recherches formelles, la fluctuation du commentaire, la place que veut ou peut prendre le réalisateur dans son film.
Anne Deligne et Daniel De Valck ont ainsi bâti un état des lieux du cinéma documentaire vivant.
(Jacqueline Aubenas)
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