Bruges, mai 2002 : quatre artistes handicapés et quatre artistes contemporains occupent une maison pendant une semaine au cours de laquelle ils sont invités à produire une exposition publique. Couples en résidence fait apparaître le noyau de cette action : comment chaque couple d’artistes s’y prend pour arriver à des fins communes ? Quelles stratégies relationnelles met-on en place pour rejoindre l’autre ? Au nom de quelles valeurs morales et artistiques ? Quel est le désir de l’autre ? Comment le comprendre ? Que veut-il ? Mais qui est cet autre ? Et l’autre de l’autre ?
Ce film est autant un moment de questionnement de l’art et de ses marges qu’une occasion d’éprouver les malentendus, les souffrances et les joies du couple d’aujourd’hui.
"De « l’entre-deux », j’ai fait, depuis quelques films, mon travail. Je regarde et observe comment des personnes, des groupes, aux parcours sensiblement différents, font pour entrer en relation. De ce point de vue, Couples en résidence n’est pas tellement différent de A l’école de la Providence ou de Bruxelles sur un plateau. Je m’y suis pris pareil,
avec un peu plus de métier : sans savoir ce qui arriverait, j’ai l’intuition
de ce que je cherche en filmant. (...) Je renvoie un film qui, je le pense, touche à l’os. Un travail au scalpel, exempt de sentimentalisme.
Quelque chose qui va droit au but. Dans cette aventure, car c’en est une, je ne suis pas différent des autres. Autrement dit, les autres sont diffé- rents de moi. En filmant, je ne fais que faire mon travail comme chacun est occupé à le faire : aussi bien du côté artistique que du côté intendan- ce, du côté de la conception du projet que de l’accompagnement social. Chacun fait au mieux pour servir, ponctuellement, une fin collective.
Mon travail, c’est de renvoyer les questions en chantier. L’ai-je bien fait, mal fait ? Je sais, en tout cas, qu’en m’accueillant parmi eux, les acteurs du projet ont pris le risque d’un froid dans le dos. Tous les acteurs du projet ? Non. Les personnes handicapées n’ont pas eu leur vrai mot à dire, parce qu’elles ne l’ont jamais. Mais je crois que Couples en résidence raconte ça. Vraiment. Et qu’on en sort pas, jamais.” Gérard Preszow.