Le 1er novembre 1954, près de Ghassira, un petit village perdu dans les Aurès, un couple d’instituteurs français et un caïd algérien sont les premières victimes civiles d’une guerre de sept ans qui mènera à l’indépendance de l’Algérie. Plus de cinquante ans après, Malek Bensmaïl revient dans ce village chaoui, devenu "le berceau de la révolution algérienne", pour y filmer, au fil des saisons, ses habitants, son école et ses enfants. Entre présent et mémoire, c’est une réalité algérienne émouvante et complexe, sans fard ni masque, foisonnante et contradictoire, qui se dévoile.
"L’école est, me semble-t-il, le noeud gordien de la problématique d’évolution d’un pays. Près d’un demi-siècle après l’indépendance, l’Algérie est vraiment loin d’avoir résolu la question lancinante de son identité : guerre des langues bien sûr, mais aussi effondrement des idéologies, écroulement des mythes du socialisme et du nationalisme arabe, montée de l’islamisme, esprit de revanche sur la francophonie, déni des réalités historiques et culturelles. L’Algérie post-indépendante, dans la continuité de l’aliénation et de l’acculturation de son peuple, a renforcé (peut-être inconsciemment ?) une autre domination sous couvert de récupération d’une “identité arabo-musulmane”. Il s’agit là d’éléments de réflexion et de recherches qui ont nourri mon désir de tourner ce film". Malek Bensmaïl